La mer et le voyage imaginaire

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Le scénario

Hissez-vous à bord !

"Matelots, laissez moi vous souhaiter la bienvenue à bord de la Luz de Esperenza ! Au terme d'un voyage de plusieurs semaines, nous venons d'arriver au comptoir de commerce de Robinson, ou plutôt au débarcadère de Robinson, autant qu'on puisse en juger ! Allez, hissez vous à bord !"

C'est par ces mots que le contre-maitre nous accueilli à bord du fier vaisseau qui venait de traverser les mers et les océans. Nous venions, mon camarade et moi, de passer quelques semaines à terre sur cet ilôt presque désert perdu au milieu de la multitude des flots. Notre propre navire, suite à une avarie, avait du repartir au continent après nous avoir déposé là et nous avions choisi de continuer l'aventure sur l'un des autres vaisseaux de la flotte d'exploration et de commerce qui devait passer par ici peu de temps après notre arrivée. Cette nouvelle coque était la Luz de Esperenza.

A notre arrivée à bord, l'intendant de bord ouvrit les registres pour inscrire notre enrolement dans l'équipage. Puis le navire gonfla ses voiles dans la brume du matin. Au clapotis des vagues de l'abri s'ajoutèrent le feulement des vagues à l'étrave, le grincement des cornes soulevées par leurs palans et le claquement des drisses de basse vergue, du grand hunier, du petit perroquet. L'ancre remontée, nous fûmes commandés de monter dans les hunes pour aider au déploiement des voiles. L'allure augmenta au son de la corne de brume, des appels du sondeur et du navigateur qui comptait les noeuds à la corde déroulée à la poupe. Lorsque le comptoir disparut le capitane rentra dans sa cabine. Il ouvrit son carnet de bord et inscrivit le premier des rapports d'un voyage en direction de l'azur infini. Voyage dont nous faisions désormais parti.

Un rivage inabordable

Nous étions partis du port voici deux lunes. Encore fallait-il avoir de l'audace pour nommer un port ce lieu hostile et éloigné de toute trace de civilisation urbaine, loin de nos mères et loin de nos femmes et guère plus équipé d'un ponton en bois pour accueillir la chaloupe du bord. Le bourgmestre, à notre départ du continent, avait placé en nous les espoirs d'établir la route de nos nouveaux comptoirs de commerce mais à présent, même le capitaine Colbert reconnaissait qu'il n'y avait guère matière à commercer dans ces contrées australes. Ainsi, nous avions navigué durant deux jours. Nous avions passé le cap d'Espérance, reconnu par l’expédition maritime qui avait eu lieu l'année précédente et nous arrivions dans le passage Rackham. Depuis le bord, voilà que la cote se dessinait. Rapidement, nous préparâmes les chaloupes de 15 mètres et en vue de nous rendre à terre. Les plages de sable fin et blanc, que nous avions pu voir au loin, semblaient nous appeler irrésistiblement. Déjà, à mesure que nous souquions et nous rapprochions de plus en plus prêt de la terre émergée, nous pouvions sentir l'odeur de celle-ci. Nous avions tous hâte de récolter les noix de coco nécessaires à l'amélioration de l'ordinaire. Derrière la fine bande de sable fin semblaient se détacher les prémisses d'une jungle luxuriante, comme l'étaient toutes les forêts de ses latitudes. Le capitaine, d'ailleurs, nous avait rappelé la veille qu'il craignait de nous voir nous éloigner du rivage sans armes. Certes il s'agissait de se prémunir des bêtes, comme chacun eut pu l'imaginer, bêtes dont la plupart nous étaient inconnues et auraient pu faire l'objet à elles seules d'une expédition naturaliste spécialement dépêchée. Toutefois, un danger plus grand encore que les animaux sauvages semblait nous menacer. N'est-ce pas là que, quelques années en arrière, le Mondaneum, grand trois mâts connu de tous dans le port d'Amsterdam, de retour des Indes, s'échoua sans que jamais l'expédition de secours ne puisse retrouver trace des membres d'équipage ?

Activités (expression artistique, peintures et observation)

Un dauphin découvre... ...une tour ? Un conte de la mer

C'est chargés de spécimens de la flore et de la faune soigneusement récoltés et stockés dans les cales du navire et dans la cabine du commandant - en ce qui concernait son herbier personnel - que nous levâmes l'ancre et déployâmes les voiles pour voguer à nouveau à travers le passage Rackham, quittant l'île et ses mystères qui nous avaient tout d'abord fortement inquiétés. Une chose avait intrigué le capitaine Colbert. Gravissant les flancs de la montagne de l'île Rackham à la recherche de spécimens de la flore et de la faune, il avait pu apercevoir, avant de faire la découverte qui expliquait ce qui était survenu à l'équipage du Mondaneum, une forme étrange à l'horizon, qui semblait reposer à l'extrémité septentrionale de l'île. Malgré leurs péripéties, les matelots avaient regagné la Luz de Esperanza et le capitaine avait décidé d'en avoir le coeur net. C'est pourquoi, toutes voiles dehors, navigâmes-nous ensuite à nouveau dans le passage Rackham. Après 3 jours de mers occupés à doubler le cap Ouest de l'ile, nous nous trouvions à présent dans un bras de mer qui était bordé au Sud par l'ile de Rackham et au Nord par une autre terre émergée dont votre serviteur a maintenant oublié si elle possédait un nom. Ce matin là, ce fût un cri qui nous réveilla. Celui de l'homme de vigie qui nous signalait à l'horizon, droit devant, un obstacle. Le capitaine, prudent, ordonna de poursuivre la route mais commanda de continuer à sonder le fond et de réduire la voilure pour diminuer notre allure.

Samuel, le vieux marin qui occupait habituellement le poste de charpentier, avait gardé son tendre amour pour les mammifères marins fidèles compagnons des navigateurs ainsi que son talent de conteur. Ce soir là, alors que l'obscurité s'abattait sous le grand hunier et que seules les feux des torches du pont nous éclairait, nombreux furent les matelots à se presser autour de lui sous le mât de misaine. Sans doute leurs âmes étaient aussi obscurcies que le ciel, alors qu'à la violence de l'île Rackham succédait l'étrangeté des contours et des ombres portées de l'environnement qui nous cernait à présent.

Activités (l'écoute et l'imaginaire)

Hisser la voile, matelot !

Le capitaine Colbert avait décrété que les hauts fonds du détroit et l'exposition aux courants violents de l'Océan de l'Astrolabe faisait de l'extrémité septentrionnale de l'île de Rackham un havre périlleux pour les navires qui voudraient y faire escale dans l'hypothèse où le bourgmestre général aurrait voulu établir une nouvelle ligne avec la région. N'y avions en effet nous pas trouvé les restes d'une activité florissante mais qui semblait n'avoir pas résisté aux forces les plus vives et les plus sombres de la nature ? Avant de lever l'ancre, il profita des constellations pour faire un point précis et inscrire sa position dans le journal de bord. Il réunit ses officiers dans sa cabine pour débattre de la poursuite de l'exploration. Un point critique dans les traversées que nous effectuions loin de la patrie nourricière était la quantité de nourriture qui nous restait dans les fonds du navire. C'est ainsi que l'on dit que la destinées des nations dépend de la manière dont elles se nourissent : leur grandeur, leur expansion, leurs luttes et leur survie dans le concert des nations ainsi qu'à l'interieur de leurs propres frontières ne font que dépendre de cela. Cela reste, à l'humble opinion de votre serviteur, toujours vrai, maintenant que des années après les faits relatés ici, seul survivant de nos turpitudes australes, je relis avec grand peine - ma vision n'est plus celle de mes 20 ans - le carnet signé de la main de notre capitaine. La mère patrie était à plusieurs milliers de milles de notre position, cependant l'escale en terres émergées avait porté nos réserves à leur maximum. Les fruits frais que nous avions trouvés avaient permis de contrecarrer pour un temps le scorbut en parant à nos carences, avait dit le chirugien du bord.

Notre commandant avait décidé de faire demi-tour et de mettre le cap au Sud. Peut-être existait-il encore la possibilité d'établir un contact avec une civilisation au moins aussi évoluée que la notre par delà les mers sur lesquels nous voguions.

Il ne restait plus qu'au matelot de s'emparer du cabestan et d'appareiller. Rien de tel qu'un chant pour donner du coeur à l'ouvrage !

Activités (le chant)

Plus un souffle !

Nous étions partis depuis longtemps de nos foyers. La majorité des marins, à force d'une vie de mer, avaient les traits bourrus, la peau marquée par la salinité de leur quotidien et les yeux ridés par les jours de soleil se reflétant avec force dans la mer jusqu'à éblouir les créatures marines qui voguaient sous notre étrave. J'étais jeune encore et le temps n'avait pas encore fait son œuvre sur mon visage et mes mains mais quelques mois de mer avait fait de moi un athlète au physique musclé, capable de monter au mat d'artimon en moins de temps qu'il n'en aurait fallu au plus souple des chats du bord. Aujourd'hui je repense à mon allure de grand gaillard costaud que j'avais à l'époque : j'aurais sûrement pu avoir n'importe laquelle des filles du pays en rentrant au port sous nos froides contrées d'origine ! C'était un peu la préoccupation de beaucoup des loups du bord : à n'en pas douter, une bonne part de la paie des mousses comme des vieux briscards devait alimenter la bourse des dames du quai de Zaandam qui en contrepartie s'occupait de celle de ces messieurs. Ces vieux briscards, donc, ne semblaient n'avoir jamais eu d'attache au pays, la demeure réconfortante ou femme et enfants vous attendent et prient pour vous chaque souper et chaque dimanche à l’église. Pour ma part, j'avais comme nos officiers et notre capitaine, une régulière que j'avais aimé dès mes quinze ans. Ce fait, connu de mes compagnons de route, me valait parfois leur railleries, ceux-ci se plaisant à imaginer les pires torts que mon aimée aurait pu me causer en mon absence au large sous les méridiens éloignés. Je savais au fond de moi que cela n'était que raillerie et jalousie et j'avais eu, devant Dieu, l'assurance de la plus réconfortante des manières avant mon départ que mon aimée me vouerait un fidélité éternelle. Nous nous étions mariés une semaine avant le départ et l'enfant, à présent, devait être né.

Plusieurs milles après avoir quitté le détroit pour la mer Bounty le vent se calma. Tout ne fût plus que silence, calme et désespoir sur une mer d'huile baignée de soleil. Le vent parti, pas une once d'air ne venait agiter la voile du grand mât. Nous passâmes plusieurs jours, inquiets. Et rien ! Oisif, désœuvré sur le pont principal, mon esprit se mettait à divaguer. En pensée, je joignais la chaleur au souvenir de celle, émanant de notre cheminée que j'avais dû quitter un mois d'hiver pour voguer vers l'inconnu infini. Le contre-maître et moi trouvâmes un endroit tranquille du navire, sur le beaupré, suspendu au dessus du vide que j'avais du apprivoiser tout au début du voyage. Il me fallait écrire à l'aimée.

Activités (la rédaction, le théatre)

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Le scénario
Sources
Les fiches enseignant

Le livre de bord

Vous pouvez écrire un commentaire ici sur notre livre d'or, renommé "Livre de bord" pour l'occasion.

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L'Hôtel de Soubise et les voyageurs

L'année dernière se tenait l'exposition "Des voyageurs à l'épreuve du terrain", aux Archives Nationales, lieu au combien sacré pour le documentaliste. Chaque année on y fait pèlerinage de tous les centres de documentation de la France pour y brûler des cierges à la mémoire de Documentus Archivus, le saint patron de la profession.

Citons l'académie de Paris : " Cette exposition présentée au au cœur de l’Hôtel de Soubise lève le voile sur « l'envers du décor » des voyages scientifiques ou documentaires entrepris depuis la France entre 1800 et 1960. Elle s’organise autour des trois temps du voyage : sa préparation, son déroulement et ses retombées scientifiques, politiques ou médiatiques.

La visite de l'exposition permet aux élèves d'appréhender les grandes thématiques du voyage d'exploration : sa préparation, son déroulé et sa restitution sous forme de lettres, carnets ou mémoires.
En salle d'atelier, les élèves sont invités, à partir d'une sélection de documents choisis, à rédiger un carnet de voyage sous le mode autobiographique."

https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_1330347/des-voyageurs-a-l-epreuve-du-terrain (lien externe)

Guillaume 05/01/17, 5:39 pm, Ajouter un commentaire (Add a comment)

Bienvenue à bord !

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Guillaume 05/01/17, 5:20 pm, Ajouter un commentaire (Add a comment)

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